396                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
exécuté une suite de Don Quichotte,- copiée sur celle de Coypel par Bonito. Cet ouvrage existe encore; la signature du tapissier se lit sur presque tous les panneaux, dont plusieurs portent aussi des dates. Du mème Duranti on connaît encore un Enlèvement de Proserpine (1763), la Naissance de la Vierge et la Magnificence royale (1777); ces pièces sont conservées dans la collection royale de Naples.
L'Apothéose de Charles III, du prince à qui la manufacture devait sa fondation, semble également sortir de l'atelier de Duranti.
On croit généralement que la fabrication napolitaine prit fin lors de la conquête et de l'occupation de Naples par les Français, en 1799.
Venise. — Le premier tapissier qu'on rencontre à Venise dans le cours du xviii" siècle se nomme Pierre Davanzo. Il reste dans cette ville de 1735 à 1771, date de sa mort.
En 1760, arrive Antonio Dim, qui avait précédemment dirigé la haute lice à Turin, et que la suppression de cet atelier laissait sans ouvrage. La sérénissime république l'accueillit avec empres­sement. Elle lut alloua 500 ducats, plus une rente mensuelle de 25 ducats, à la condition qu'il créerait une école et prendrait des élèves. Il eut jusqu'à dix ouvriers, occupés à tisser des tentures, des étendards, des garnitures de meubles. Dini mourut à Venise, et ses filles conservèrent la direction de son entreprise; mais elle ne produisait plus guère que des tapis de pied.
Ainsi qu'on le voit par les détails qui précèdent, pas plus au siècle dernier qu'au xvii0 ou au xvic siècle, les tapissiers italiens ne sauraient entrer en lutte avec les maitres flamands ou français.
ALLEMAGNE
Berlin. — Parmi les protestants qui abandonnèrent leurs foyers à la suite de la révocation de- l'édit de Nantes, se trouvaient de nombreux artisans de la Marche. Ils allèrent demander un asile à l'Allemagne; le grand électeur les accueillit avec empressement, et c'est à ces circonstances que la ville de Berlin cloit son premier atelier, ll fut fondé, en 1686, par un réfugié d'Aubusson, nommé Pierre Mercier, auquel furent attribués, dès son arrivée, des avan-